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Bilan Nintendo 2021-22

L'Infographie - Épisode Spécial

Après une année incroyable, avec quelques records encouragés par les confinements, Nintendo est en baisse sur l’année fiscale 2021-22 (terminée le 31 mars dernier). Mais c’est une baisse légère, qui maintient l’entreprise à un niveau exceptionnel. La Switch accuse des ventes qui déclinent de 20 %, et Nintendo prévoit une nouvelle baisse pour 2022-23, mais avec un objectif qui reste supérieur à 20 millions, soit le niveau d’une PS4 à son pic de popularité. Si l’objectif est atteint, cela signifierait par ailleurs que la Switch surpasserait le total des ventes de la console de Sony d’ici un an.

Les ventes de jeux sont en revanche en légère hausse, malgré la situation japonaise où la comparaison avec une année marquée par la sortie d’un Animal Crossing fut difficile. Là encore, Nintendo prévoit des ventes en baisse pour 2022-23, mais en demeurant à un niveau très important, qui conduirait d’ailleurs la Switch à devenir la première console du constructeur dépassant le milliard de jeux vendus (tiers compris, mais sans compter les jeux uniquement disponibles en dématérialisé).

Dans le même temps, l’entreprise procède à quelques annonces surprenantes. La plus anecdotique est le fait que Satoru Shibata, ex-PDG de Nintendo of Europe devenu membre du conseil d’administration et responsable du marketing, est promu au grade de Managing Executive Officer. Ce qui signifie simplement qu’il monte d’une place dans la hiérarchie en s’imposant comme la quatrième personne la plus importante de Nintendo, derrière Shuntaro Furukawa, Shigeru Miyamoto et Shinya Takahashi.

Plus inattendue est l’annonce d’un Stock Split : une procédure visant à décupler la quantité d’actions Nintendo disponibles sur le marché. Et pas qu’un peu : s’il y a actuellement 129,9 millions d’actions Nintendo, l’idée est de passer à 1,299 milliard. Attention toutefois, il ne s’agit pas réellement d’émettre de nouvelles actions et l’opération n’implique donc pas une levée de fonds pour Nintendo (qui au demeurant n’en a pas besoin, avec une réserve de cash qui dépasse les 7,4 milliards d’euros). Le principe consiste simplement à diviser en 10 chaque action existante. En clair, quelqu’un qui possède une action Nintendo en possédera dix une fois le Stock Split effectué (programmé pour fin septembre).

L’intérêt de la pratique consiste à volontairement faire baisser le prix de l’action sans pour autant baisser la valorisation de l’entreprise. Ceci dans le but de rendre la prise de participation plus accessible. C’est qu’à l’heure actuelle, une action Nintendo coûte environ 410 €, ce qui n’est pas rien. Le Stock Split permettra ainsi de devenir actionnaire contre seulement 41 € (bon, selon le cours de l’action, qui est en évolution constante, forcément).

Ainsi, il sera plus facile d’acheter des actions Nintendo, mais donc également de les vendre. Cette méthode, fréquente chez les grandes entreprises, permet de satisfaire les actionnaires attirés par des investissements dont ils pourraient plus aisément se débarrasser. Dit autrement, ça ouvre le capital de Nintendo à un public d’actionnaires plus motivés par la spéculation que le rendement.

C’est une évolution importante pour Nintendo, qui a tendance à la normaliser davantage comme une grande entreprise, dans la continuité de sa récente entrée dans le Nikkei 225, équivalent japonais du CAC40, ce que Nintendo préférait autrefois snober.

Un dernier élément rejoint cette mutation : Nintendo va introduire des actions dans la rémunération de ses administrateurs. Actuellement, les membres du conseil d’administration (Furukawa, Miyamoto, Takahashi, Shibata et Shiota) disposent seulement d’entre 100 et 200 actions Nintendo chacun, soit très peu. En leur en fournissant davantage, l’objectif est de leur apporter un intérêt commun avec les actionnaires.

C’est un aspect qu’on avait déjà analysé par le passé : les actionnaires réclament cela depuis longtemps, mais Satoru Iwata s’était opposé à cette approche, arguant que les administrateurs ont davantage vocation à être des employés de Nintendo que des actionnaires, et que leur motivation de travailleur suffit.

Cette nouvelle politique menée par Shuntaro Furukawa est essentiellement d’ordre financier et n’est en principe pas incompatible avec une philosophie générale dans la gestion de Nintendo, qui pour l’heure reste très fidèle à celle qui était menée par Satoru Iwata. Mais il s’agit d’un changement structurel qui normalise un peu plus Nintendo dans la grande machine boursière, et pourrait avoir, sur le long terme, une influence sur tout le reste.

Pour la suite, comme d’habitude, l’infographie est là pour analyser en détails les performances de l’entreprise. Comme pour Sony, vous avez aussi droit à une très copieuse mise à jour de la Fiche Technique de Nintendo, comportant notamment le classement des 374 jeux les plus vendus de l’histoire de Nintendo, et aussi tout un tas de données supplémentaires, comme le nombre d’employés, avec le détail des principales filiales, le pourcentage de femmes parmi les effectifs japonais, la rémunération moyenne des employés, celle des dirigeants, l’historique des dividendes versés, et plein d’autres choses.

 

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